Je suis fier d’annoncer que Safaa Wasof, étudiante en thèse à l’Université de Picardie Jules Verne (UPJV) dans l’unité de recherche “Ecologie et dynamise des systèmes anthropisés” (Edysan, FRE3498 CNRS-UPJV), soutiendra sa thèse publiquement le 27 Novembre prochain, à 9H00, en salle des thèses de la Faculté de pharmacie (Pôle Santé Saint Charles : 1 rue des Louvels, 80037 Amiens Cedex 1). Si vous êtes de passage dans les environs vous êtes la/le bienvenu(e). Ce fût un réel plaisir pour moi de travailler aux côtés de Safaa durant ces quatre dernières années (Octobre 2011 – Octobre 2015) et de co-encadrer son travail de thèse dont vous trouverez un résumé écrit par Safaa ci-dessous. Vous trouverez également plus d’informations sur les travaux de Safaa en lisant ses articles intitulés (i) “Disjunct populations of European vascular plant species keep the same climatic niches” et (ii) “Ecological niche shifts of understorey plants along a latitudinal gradient of temperate forests in north-western Europe“, tout deux publiés dans la revue Global Ecology and Biogeography.
La niche écologique en contexte de changement climatique : conservatisme et rôle dans la relation biodiversité-fonctionnement de l’écosystème
Résumé : Ces dernières décennies le concept de niche écologique a connu un véritable regain d’intérêt dans la littérature scientifique. Cet intérêt a été largement promu par l’utilisation croissante des modèles de distribution d’espèces (SDMs) pour informer sur les défis de conservation et de gestion liés aux changements globaux. Dans cette thèse, j’ai étudié et utilisé ce concept de niche écologique pour répondre à deux questions de recherches faisant l’objet d’importants débats en écologie : le conservatisme de la niche écologique et la relation entre biodiversité et fonctionnement de l’écosystème. Le premier volet de mes travaux a ainsi fournit une première estimation globale de l’hypothèse de conservation de la niche entre des populations distinctes de la même espèce et ce chez un grand nombre d’espèces vasculaires (389 espèces) dans leur aire géographique d’indigénat. Cette partie a permis de mettre en évidence que le conservatisme de la niche climatique réalisée est un phénomène répandu. Toutefois, des différences régionales dans les paramètres synthétiques de la niche (cf. l’amplitude et l’optimum de la niche) étaient fréquentes laissant la possibilité d’une adaptation locale potentielle des populations végétales au sein de chaque région. Ces résultats renforcent la légitimité des SDMs, mais ils montrent néanmoins l’importance de considérer les variations régionales de l’amplitude et de l’optimum de la niche réalisée des espèces, ainsi que les mécanismes clés qui les régissent (comme l’adaptation locale), dans les prédictions des SDMs quand il s’agit de traduire ces subtilités régionales dans l’espace géographique. Dans le deuxième volet de ma thèse, je me suis ensuite intéressée à utiliser le concept de niche écologique au service de l’étude de la relation entre biodiversité et un aspect particulier du fonctionnement des écosystèmes : la production nette de biomasse aérienne au sein de la strate herbacée forestière. Nous avons pour cela développé et intégré, pour la première fois, la notion de diversité des niches écologiques comme facette alternative ou complémentaire de la biodiversité et avons comparé son importance vis-à-vis des autres facettes de la biodiversité utilisées plus communément en écologie (cf. diversité taxonomique et fonctionnelle). Entre autres choses, cette partie a permis de démontrer l’importance de considérer la niche écologique des espèces (sensu Hutchison) en tant que facette de la biodiversité ayant un rôle important dans le fonctionnement de l’écosystème, plus particulièrement la production nette de biomasse aérienne des communautés végétales du sous-bois forestier. Dans un contexte de changement climatique, évaluer et étudier les conséquences éventuelles d’un degré élevé de conservatisme de la niche vis-à-vis des conditions climatiques sur la distribution des espèces et donc sur la biodiversité, ainsi que de comprendre la relation entre biodiversité et le fonctionnement de l’écosystème sont deux étapes incontournables pour améliorer notre compréhension ainsi que nos prédictions de l’effet du changement climatique sur la biodiversité et donc sur le fonctionnement des écosystèmes.
Mots-clés : biomasse, biodiversité, changement climatique, conservation de la niche, écologie des communautés, écologie fonctionnelle, écologie végétale, écosystème forestier, niche écologique, plantes vasculaires, productivité.
Encadrants : Dr. Jonathan Lenoir & Prof. Guillaume Decocq, UR “Ecologie et dynamique des systèmes anthropisés” (Edysan, FRE 3498 CNRS), Université de Picardie Jules Verne.
Membres du jury : Prof. Antoine Guisan, Department of Ecology & Evolution, University of Lausanne; Prof. Martin Diekmann, Institute of Ecology, University of Bremen; Prof. Jean-Claude Gégout, UR “Laboratoire d’étude des resources forêts bois” (UMR 1092 LERFoB), AgroParisTech-ENGREF.